Remplissage des polémoformes de la Grande Guerre
La Grande Guerre a fait l’objet de nombreuses publications depuis la fin du conflit et notamment dans le cadre du centenaire. Elles sont principalement orientées vers l’histoire militaire, les visions socio-économique, géopolitique et culturelle, mais l’approche environnementale par les géosciences est récente (Masson-Loodts, 2014). Elle peut être appréhendée par l’analyse des paysages forestiers (Amat, 2015), des plantes obsidionales ou polémochores (Wearn et al., 2017), la contamination des sols (Souvent et Pirc, 2001 ; Meerschman et al., 2011), sa déstructuration physique par la « bombturbation » (Hupy et Schaetzl, 2006) et par l’impact hydrochimique des composés nitroaromatiques contenus dans les charges explosives (Hubé, 2016 ; Thouin et al., 2016). Alors que les morphologies de guerre ou « polémoformes » peuvent être étudiées par les photographies aériennes anciennes (Stichelbaut, 2011), leurs traces actuelles sous couverture forestière sont révélées, avec le LiDAR aéroporté (Hesse, 2014), en premières positions de défense à Verdun (De Matos-Machado, 2016), en Argonne (Brénot et al., 2017) ou sur les sites de guerre de mines (Taborelli et al., 2017a). Par contre, en zone cultivée, l’intégralité des structures a été comblée et nivelée pour la remise en culture. À ce titre, elles sont aujourd’hui d’ordre taphonomique à la différence des polémoformes subsistantes sous couvert forestier. C’est donc à la faveur de fouilles archéologiques, qu’elles sont recoupées, voire exhumées pour être étudiées.
A - Traces dans la vallée de la Suippe. B - Effondrement dans un champ au dessus d'une galerie allemande.
Auparavant perçues comme des artefacts, elles sont désormais intégrées dans les rapports, corrélativement au développement de l’archéologie de la Grande Guerre depuis le début des années 1990 (Desfossés et al., 2008). L’expansion des villes dans les réseaux de défense, après le conflit, multiplie les risques pyrotechniques et géotechniques (aléas cavités, risques d’affaissement et d’effondrement) qui constituent des contraintes aux aménagements territoriaux. Les fouilles de diagnostics et de sauvetages des services archéologiques recoupent et concernent de nombreuses structures archéologiques de la Grande Guerre comme dans le secteur de Reims.
Lien vers l'article : https://journals.openedition.org/geomorphologie/16212
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